Erosion

"Tout reste à faire pendant que l'océan avance..."
Tels furent les mots introduisant le colloque du 8 septembre 2011 organisé par le GIP Littoral Aquitain chargé de débroussailler le si délicat problème de l'érosion marine sur la façade océanique atlantique.
Car si en effet le travail de sape de l'océan est inéluctable, la réaction de l'homme est quant à elle inévitable.

L'aléa est défini comme "un évènement d'origine naturelle ou humain potentiellement dangereux dont on essaie de mesurer l'intensité et la probabilité d'occurrence par l'étude des périodes de retour ou des prédispositions du site".

Quelques chiffres pour tâcher d'illustrer ce grignotage progressif, lancinant et permanent de nos cotes.
Les conclusions de l'Observatoire de l'Aquitaine sont assez impressionnantes :

- sur les 238 km de cote sableuse de notre région, le recul est compris entre 1 et 3 m par an et en moyenne selon des vitesses pouvant atteindre localement jusqu'à 6m par an. (Lacanau, Biscarrosse sont d'ores et déjà particulièrement touchées par le phénomène)



- sur la cote rocheuse (cote basque longue d'une quarantaine de km) le recul serait de 20 cm en moyenne par an avec un maximum de 80 cm localement comme dans les fonds de baie à Erromardie par exemple, ou Ciboure particulièrement menacée)



L'organisme a alors dégagé 4 réponses, 4 attitudes possibles face au phénomène :
- Laisser faire l'océan
- Evolution naturelle surveillée
- Accompagnement des processus naturels (végétalisation, pose de branchages)
- Lutte active (recharge en sable, épis, brise-lames, maçonnerie sur les falaises)
- Relocalisation (déplacement total des activités, des biens et des personnes vers l'intérieur des terres)

Scénarios possibles de certaines zones de surf :
A horizon 2020 (c'est-à-dire demain) plusieurs mecques du surf devraient bien changer :
- recule de près de 20 m au sud de CapBreton
- recul de 15m de la cote des basques (35m en 2040...au revoir la plage !)
- recul de 14m à Marbella, Milady
- recul de 11m à Guéthary

Sans compter le phénomène des tempêtes hivernales qui accentuent considérablement l'efficacité érosive de l'océan, les différentes conditions météorologiques s'additionnant les unes aux autres pour augmenter temporairement le niveau de la mer...


...

Alors que penser de cela.
Saluer l'éternelle lutte de l'homme face aux éléments ? ou constater une nouvelle fois sa propension à ne se réveiller qu'au dernier moment quand la perspective de lourdes pertes économiques sont montrées du doigt ? avoir un regard neutre et préférer laisser faire ce que la nature doit faire ? Regretter les goûts parfois égocentriques de l'homme à vouloir vivre au plus près de l'océan sans réaliser qu'il est vivant, et donc mouvant ?

Sans doute un juste milieu peut-il être trouvé...qui permettrait de re-situer la place de l'homme face à l'océan, qui, petit détail, recouvre toujours 76% de notre planète et qui, il y a encore peu de temps, la recouvrait toute entière...peut-être reprend-il tout simplement progressivement ses droits.
Le mythe de l'Atlantide a de beaux jours devant lui !

"Océan : Masse d'eau recouvrant environ les deux tiers d'un monde destiné à l'homme...
lequel est dépourvu de branchies"

Ambrose Bierce

Commentaires

Articles les plus consultés