Erosion toujours

L'érosion fait parti des sujets phares abordés ici.
Aujourd'hui nous allons essayer d'apporter un petit zoom sur Anglet et ses plages, particulièrement touchées par le phénomène.

Petit rappel des fait :
Comme nous l'expliquions précédemment, le rapport du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) publié au mois d'Août 2011 nous apprend que la côte angloy devrait en moyenne reculer de 9m d'ici 10 ans et de 25m d'ici 2040. Ces chiffres sont bien évidemment des moyennes. Ils ne tiennent pas compte de l'augmentation du niveau de la mer due au réchauffement climatique lié à l'activité humaine....
Les conséquences pour les habitués du site si rien d'efficace n'est trouvé d'ici 2040 seraient assez impressionnantes :

Adieu la promenade piétonne des plages d'anglet construite au début des années 2000,
Adieu les postes MNS des Corsaires, de la Madrague, de l'ocean, des cavalliers,
Adieu les futurs travaux d'aménagement prévu à l'automne 2012 autour de l'hotel Belambra du VVF,
Adieu les terrasses des bars-restaurants du front de mer des Sables d'or,
Adieu l'Espace de l'ocean de la chambre d'amour inauguré en 2007,
et même Adieu les trous n°3,5,12 et 13 du front de mer du golf de Chiberta !

Pour illustrer le phénomène, il est interessant de comparer ces photos :
Entre 1966 et 2012, nous constatons que si le haut de la plage de la chambre d'amour n'a pas vraiment changé, c'est la partie basse de la plage qui a disparu. Elle a perdu plus de 4 metres de hauteur depuis 1966 !!!

Une des explications historiques réside dans la tradition héritée de plus de cent ans de dragage intensif de l'entrée de l'Adour. C'est ainsi 
23 millions de m3 de sable qui ont été pompés dans la fosse de garde de l'embouchure en 34 ans ! 9.5 millions de m3 ont été relâchés devant les plages du sud d'Anglet sur toute la période (dont seulement 650.000m3 les 8 dernières années). Cela signifie que 13.5 millions de m3 ont été entreposés au large d'Anglet depuis 1974.

Ironie des choses, l'une des solutions aujourd'hui serait de faire le chemin inverse et ainsi de réengorger les plages d'Anglet !
Ainsi, monsieur JP VOISIN, adjoint au maire à l'urbanisme reconnait le caractère urgent de la situation et annonce que la CCI de Bayonne pourrait procéder en 2013 à l'achat d'une drague pour le port de Bayonne. Ce choix permettrait à la ville d'Anglet de réaliser des opérations efficaces pour lutter contre le recul des plages. Mais aujourd'hui, rien n'est moins sûr.

Tout récemment début mars, après avoir réensablé la plage du Pyla, avec du sable trouvé sur les fonds marins environnants, la drague Méllina est arrivée depuis peu au port de Bayonne. Elle doit, notamment, dégager le sable de l'entrée de l'Adour accumulé depuis le mois de Novembre.
Les caractéristiques de cette drague sont très adaptées au clapage côtier (sable dragué relâché devant les plages) mais en raison d'une prestation planifiée longtemps à l'avance, elle arrive au moment où les conditions météo sont les moins favorables de ces 3 dernières semaines !!!
Résultat: le sable des plages nord d'Anglet, accumulé ces 3 derniers mois dans le chenal à l'entrée de l'Adour par le courant, va être majoritairement abandonné au large des côtes et accentuer le phénomène d'érosion du littoral angloy....le serpent se mort la queue !

Plus surréaliste encore, après quelques jours de clapage, la drague fut déclarée hors de service pour des raisons techniques !!!

En résumé, le cas d'Anglet est symptomatique des hésitations humaines face au phénomène naturel de l'érosion et de toute la complexité de son action.
Dragage, tentative de construction d'une digue, l'homme a cru trouver des solutions qui aujourd'hui se révèlent infructueuses et dévastatrices. Cette dernière en l'espèce (digue du Boucau de 1968), a eu des impacts terribles sur la dynamique des courants qui prend toute sa dimension lors de tempêtes et accentue, contrairement à l'effet voulu au départ, l'érosion au final.


Pour comprendre mieux l'intérêt du réengorgement, si on ramenait ce sable sur la côte avec une drague adaptée, on pourrait réengraisser les plages et leurs redonner l'aspect qu'elles avaient il y a 40 ans. Et cela pour un cout dérisoire. Mais les volumes de sable rapportés sont pour l'instant totalement insuffisants ne serait-ce que pour stabiliser la situation.

Sable d'Or 1959

 Sables d'Or 2012


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